La planète devra encore attendre !
15 avril 2019
40 défis pour protéger la planète, de Sophie Frys, illustration Cynthia Thiery, Editions Pera (15, 90 €)
Avec un titre aussi engageant, on s’attendait à trouver dans ce cahier de quoi armer les jeunes lecteurs contre les maux dont souffre notre pauvre planète : réchauffement climatique, perte de biodiversité, pollutions de toutes sortes… Vue l’ampleur et l’urgence de la tâche, on espérait secrètement trouver enfin un livre qui aille droit à l’essentiel. On doit cela aux enfants, puisque c’est eux qui au final en subiront le plus les conséquences si on n’agit pas de manière efficace.
Malheureusement, bien que son contenu ne soit pas sans intérêt, l’ouvrage ne répond pas aux attentes suscitées par son titre. Nombre d’actions proposées n’ont qu’un lointain rapport avec le sujet et surtout, il manque les défis les plus importants. Et la question du pourquoi n’est que très rarement évoquée, ou souvent de manière erronée. Comment s’orienter face aux nombreux choix de la vie quotidienne et pourquoi faire des efforts si on ne comprend pas de quoi souffre la planète et en quoi nos actes peuvent la soulager ?
Exemple : Pourquoi se déplacer autrement ? La première raison invoquée, c’est : « Pour la planète : moins d’essence -> moins de pétrole puisé ». Ce n’est pas faux, mais la planète s’en fiche complètement qu’on vide ses réserves ! Le principal défi n’est pas l’épuisement des ressources, mais le réchauffement climatique (qui arrivera bien plus tôt que la pénurie d’énergies fossiles). Or le risque climatique n’est même pas évoqué. Ni dans ce chapitre, ni dans les autres. Pour être tout à fait honnête, on lit tout de même dans celui consacré aux déchets, qu’il faut les trier pour « réduire les émissions de gaz à effet de serre (pollution) », sans plus d’explications. Alors que la question des déchets n’est pas la plus critique pour le climat…
Examinons maintenant les défis proposés. Dans le chapitre « Manger mieux sans gaspiller », les trois défis portent sur la fabrication de menus et la préparation de recettes. C’est éminemment sympathique d’inciter les enfants à s’occuper de ce qu’ils vont trouver dans leurs assiettes ou engloutir à leur goûter. C’est important de les sensibiliser au gaspillage, mais on aurait aimé trouver également traitées des questions aussi essentielles que manger moins de viande et des produits bio, locaux et de saison…
On peut reconnaître à de nombreux défis le mérite de faire marcher les enfants, de les inciter à jardiner et à réaliser des objets de leurs mains ou avec des matériaux de récupération, mais on ne rentre que rarement dans le cœur du sujet promis par le titre. Il faut attendre l’ultime défi (N°40) pour trouver abordée, malheureusement de manière décevante, la question des économies d’énergie. Rien sur les économies de chauffage ou d’eau chaude et une grosse erreur : il ne faut en effet pas seulement « mettre en veille les appareils non utilisés », mais surtout les couper complètement pour qu’ils ne restent justement pas en veille !
Eric Lombard