Résumé :

En octobre 2006, après l’assassinat de son mari médecin, une femme pachtoune tremble pour ses fils. Les talibans veulent en faire des tueurs, les américains des indicateurs. Elle organise leur départ pour l’Europe à leur insu. A l’aéroport de Peshawar, les deux frères sont séparés. Gulwali, 12 ans, doit continuer à avancer seul, avec pour objectif de rallier l’Angleterre où il espère retrouver son aîné. Les conditions matérielles sont terribles : faim, froid, hygiène, hébergements, déplacements, etc. Le pire, c’est d’avoir constamment sa vie entre les mains des passeurs qui eux-mêmes doivent le persuader de continuer pour être payés. Il faut aussi échapper aux kidnappeurs qui réclament des rançons aux familles. Le périple est comme un jeu de l’oie avec des arrêts prolongés, des retours en arrière, des trappes, mais aussi des rencontres qui portent chance. Gulwali, constamment épaulé par des compatriotes, ne sait pas que le pire est devant lui : la jungle de Calais, les multiples et périlleuses tentatives pour passer en Angleterre, et au bout du chemin, une solitude insupportable. Heureusement …

Caractères :

Ce témoignage de 440 pages mis en forme avec finesse par une journaliste anglaise, Nadene Ghouri, n’est pas le simple récit factuel du périple d’un jeune migrant. Il fait découvrir le monde des passeurs avec sa hiérarchie et ses enjeux économiques (la fortune des passeurs en col blanc, la pauvreté des intermédiaires) et décrit la vie des groupes de migrants faite de violence aussi bien que de solidarité. Il nous fait vivre le choc des cultures, l’étonnement du jeune Afghan face à l’occident – son culte de la consommation, ses croyances, la place des femmes, etc. – et l’évolution de son rapport à sa propre culture. Livre salutaire à l’heure où 25 000 mineurs sont en errance ou déboutés du droit d’asile même quand un des leurs est déjà installé dans un pays européen. On en sort sonné, enrichi , mais malheureusement démuni !