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Petit coup de pouce au changement

Boîte à livres : une bonne idée pas toujours bien pensée

22 avril 2017

Ca vient d’Amérique. C’est à la mode. On en trouve dans les villes et les villages, dans la rue ou dans des lieux fermés. Neuves ou recyclées, métalliques, en bois ou en plastique, opaques ou transparentes, unis ou peintes par des artistes. Ce ne sont pas toujours des boites, on trouve aussi des étagères, des placards, des comptoirs. Certaines sont installées dans d’anciennes cabines téléphoniques, des roulottes, d’autres ont été dessinées et conçues spécialement pour l’opération. Elles portent des noms différents plus ou point explicites. Appelons les simplement « boîtes à livres ».

Dans ces boîtes, des livres à la disposition de tout le monde, sans contrepartie : ni pièce d’identité, ni fiche de prêt. Et chacun peut les garder… ou les rapporter.

Liberté, gratuité, proximité !

L’idée est bonne. Les boîtes à livres :
– rendent les livres accessibles, sans les contraintes des bibliothèques, ni les barrières invisibles que constituent l’institution, son image, la profusion de livres et un accueil laissant parfois à désirer
– donnent une 2e vie aux livres des particuliers ou des bibliothèques
– créent des chaînes de lectures informelles

Mais pour que ça marche et que les objectifs soient atteints, il faut que le système soit bien pensé et bien suivi. Or souvent les boîtes à livres résultent d’initiatives isolées, portées par des élus, des particuliers ou des associations bien intentionnés mais sans concertation avec les professionnels du livre qui pourraient apporter leur expérience : choix des livres, présentation attirante (en facing laissant voir les couvertures plutôt qu’empilés ou entassés…).

D’autre part, les habitants confondent parfois recyclage du papier et don de documents. Dans certaines boîtes, on trouve tout et n’importe quoi : livres déchirés, dégoûtants, obsolètes, quand on n’y trouve pas des livres tendancieux ou osés qui n’ont rien à faire sur la voie publique. D’aucuns y glissent des magazines féminins ou people.

Pour que ces «mini-bibliothèques » portent leur fruit, il faut, comme le fait intelligemment la ville du Havre avec les livres nomades que :
– le projet soit porté par un service ou une équipe
– des objectifs soient fixés
– des moyens  logistiques soient accordés
– un véritable tri soit fait en amont, puis un suivi de l’achalandage par des personnes compétentes et habilitées.
– les supports soient adaptés

Malgré tout, ce libre-service est d’abord utilisé par des personnes déjà acquises à la lecture.

Pour les publics (plus nombreux qu’on ne le dit ou le croit !) éloignés des livres et de la lecture, il faut des dispositifs ciblés. Par exemple, leur offrir sur leurs lieux de vie un « service-traiteur » : une sélection affinée et restreinte de livres (de la taille d’un panier et non d’un meuble) assortie de mises en bouche alléchantes suivies d’échanges. Mais l’investissement est autrement plus important et l’action moins médiatique ! Et pourtant, c’est une des missions des bibliothèques : tisser dans la ville des liens de lecture et par la lecture et pas seulement distribuer des livres.

Véronique Marie Lombard –Livralire – avril 2017

 

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