Considérer le visiteur-lecteur comme un prince de Serendip !
6 janvier 2010
En bibliothèque, les livres, acquis et équipés, ont deux statuts successifs : nouveautés, ils sont posés sur table ou exposés sur présentoir. Puis, ils sont intégrés au fonds et rangés sur des étagères, à l’exception en général des albums et des BD mis dans des bacs. Pour le visiteur qui a un titre, un auteur, un sujet, en tête ou sur un petit carnet, le classement par genre et sur tranche facilite le repérage. Pour les autres, ceux qui viennent simplement chercher un « bon » livre, l’alignement et l’entassement, perçus comme un enfermement, ont un effet repoussoir. Ils ne peuvent voir les couvertures des livres qu’ils n’osent sortir de peur de ne pas retrouver la bonne place. Ils doivent se contorsionner, se baisser pour les rayons du bas, se hausser pour ceux du haut.
Comme la navigation sur la toile, la déambulation en bibliothèque devrait permettre aux utilisateurs de trouver ce qu’ils ne cherchaient pas et d’entrer dans des mondes inconnus qui élargiront le leur, donnant ainsi aux ouvrages la chance de rencontrer un public nouveau !
Pour ce faire, il faut modifier les agencements de mobilier et inventer des conditionnements et des mises en valeur originales et amovibles, autres que les linéaires qui, tels qu’ils sont utilisés, sont des tombeaux pour les livres !
Propositions pour 2010 :
- aérez vos rayons : un rayon peu rempli gagne en intérêt puisqu’on peut faire défiler les livres
- variez l’agencement en mettant vos étagères sur roulettes
- rompez avec l’alignement en créant des alcôves
- récupérez des petits meubles (dans les vide-greniers ou par don de lecteurs)
- abandonnez l’obsession du rangement pour celui de la fantaisie organisée
- valorisez les visuels de couvertures
- composez des buffets de livres (et pas des alignements de livres sur table),
- préparez des pochettes surprises, etc.
Encouragés à butiner, vos visiteurs, tels les princes de Serendip (héros d’un conte persan du 16e), n’auront de cesse de faire par hasard des découvertes heureuses et inattendues.
Véronique Marie Lombard (janvier 2010)